Southshore
On nous avait vanté à plusieurs reprises les attraits de la côte sud de la Nouvelle-Écosse et ses nombreux endroits pour s’ancrer. On avait bien l’intention d’en profiter avant de traverser aux États-Unis. Et l’on n’a pas été déçus!
Ste Magaret’s Bay
Notre première destination s’est arrêtée à Shining Waters Marina dans Ste Margaret’s Bay. Notre décision a été dictée par plusieurs impératifs en quittant Halifax : nous avions une courte fenêtre météo pour naviguer avant de voir arriver sur nous une grosse dépression avec des vents de 40 nœuds, on voulait être à quai avec les enfants pendant le mauvais temps pour pouvoir facilement descendre à terre et on avait besoin de faire du lavage. (Eh oui, tous ces petits détails anodins influencent le cours d’un voyage!) Nous avons donc dû renoncer à nous rendre directement à Lunenberg pour rejoindre nos amis du voilier Horus, même si nous avions bien envie de les revoir. En même temps, ça nous permettait de prendre davantage notre temps et de voir du paysage. (On essaie encore de rattraper le voilier Horus, on espère les croiser à un autre moment du voyage!)
Pour être certains d’arriver avant les grands vents prévus en fin d’après-midi, nous avons quitté la baie d’Halifax à l’aube, dans les couleurs du lever de soleil. En sortant du Northwest Arm, nous avons vu deux gros phoques se prélasser grassement sur un rocher. On pensait que c’était une barque abandonnée, ça nous a fait bien rire quand on les a aperçus avec les jumelles! En rejoignant l’océan, nous y avons goûté : du bon gros swell avec des vagues dans toutes les directions. Les enfants ont eu congé d’école ce jour-là, ça brassait vraiment trop. On s’est donc fait bardasser pendant plusieurs heures, mais dès que l’on est entrés dans la baie, ça s’est calmé et on est arrivés à la marina avec un bon vent ¾ arrière. Dès notre arrivée, les enfants ont sauté sur le quai avec leur canne à pêche, leur nouveau loisir. Ils ont passé le reste de l’après-midi (et de la soirée) à attraper des petites perches qu’ils remettaient à l’eau. Achille a attrapé un beau maquereau qu’on a pu faire cuire pour le dessert!
Nous sommes restés terrés dans le bateau les deux jours suivants sous la pluie battante. Au programme : écouter des films. Occasion spéciale, ça n’arrive pas souvent! On a aussi amplement profité de la buanderie gratuite de la marina pour faire une panoplie de brassées de lavage. Le lundi, Daniel avait pris rendez-vous pour faire sortir le bateau de l’eau et le nettoyer. Notre coque en avait bien besoin! Elle était couverte d’une épaisse couche verte et brune, ouache! On aurait aimé attendre d’être dans des eaux plus chaudes pour pouvoir plonger et le faire nous-mêmes, mais ça nous ralentissait vraiment beaucoup trop, on allait 1 à 2 nœuds moins vite que d’habitude. Une fois notre Vallée du Vent toute propre on est allé se mettre à l’ancre au fond de la baie. Oh que ça faisait du bien de se retrouver à nouveau paisiblement en nature pour dormir! (Armdale, c’est joli et c’est tranquille, mais ça reste en pleine ville…)
Navigation dans Ste Margaret's Bay |
Lendemain matin, nouveau départ, cette fois vers Mahone Bay. On s’est offert une vraie journée de voile. Du sportif juste comme il faut, avec un bon vent mais pas trop. On a tiré des bords pour rejoindre l’océan, puis on s’est avancé un peu plus au large pour mieux remonter le vent en nous dirigeant vers la baie suivante. (On a encore croisé le Bluenose II au loin, il naviguait avec ses grandes voiles toutes ouvertes!) En entrant dans Mahone Bay, Daniel s’est trompé dans l’emplacement où l’on voulait aller s’ancrer et on est monté beaucoup plus haut pour contourner plein de petites iles et ensuite on a pu redescendre pour se rendre au bout du canal où se trouve le village de Mahone Bay. Ce petit détour nous a permis de visiter la baie et d’apprécier le paysage de ses nombreux ilots. Nous nous sommes ancrés au coucher du soleil aux côtés du voilier Triquerta, avec Jospeh et sa femme Patricia, rencontrés à Shining Waters Marina, qui nous faisaient de grands signes de la main lorsqu’ils nous ont vu arriver. Ils nous invitent à bord pour une tasse de tisane qui fait grandement du bien après ces 10h de navigation automnale. On y a fait la rencontre de Tony, Christa et leur fille Adelaïde, du voilier Mischief. On dort sur nos deux oreilles encore une fois dans ce décor de carte postale. Le lendemain, on prend le temps de visiter le charmant village de Mahone Bay et d’y faire le plein de produits locaux. Ce sont nos souvenirs de voyage : confiture, tisanes, viennoiseries, fruits et légumes de saison qui nous rappellent au quotidien les endroits que l’on a visité... tout en laissant de la place une fois consommés pour les nouveaux produits des nouveaux endroits que l’on visitera.
Nous quittons ensuite pour Lunenberg, un tout petit trajet de 3h. Son bord de mer est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et il est notamment célèbre pour être le port d’attache du Bluenose. Malheureusement, l’emblématique voilier n’y est pas lors de notre passage, à la grande déception des garçons. Pour compenser, on apercevra dans la baie nos premiers dauphins. On fait l’école dans le cockpit lorsqu’ils aperçoivent des ailerons au loin. Bien évidemment, on suspend l’école le temps de les regarder prendre leur lunch, je ne peux vraiment pas rivaliser avec l’observation de mammifères marins! On retrouve nos amis des voiliers Triquerta et Mischief, avec qui on prendra tour à tour l’apéro. Adelaïde a le même âge qu’Ulysse, les trois enfants s’amusent ensemble comme des petits fous! Même s’ils ne parlent pas la même langue, ils communiquent par signes, s’apprennent des mots en français et en anglais, jouent à la cachette et pêchent depuis le bateau. Adelaïde les amène faire un tour de planche à pagaie, à leur plus grand bonheur. C’est ce qui leur manque le plus en voyage : des amis de leur âge. Depuis notre départ, c’est seulement la deuxième famille que l’on rencontre. On se quitte en espérant les retrouver un peu plus loin dans notre périple.
Bord de mer à Lunenberg |
Nous faisons ensuite un arrêt pour un ancrage dans la baie de Liverpool, puis nous traversons ensuite en face à la marina de Brooklyn. (Oui nous sommes toujours en Nouvelle-Écosse!) On doit faire remplir nos bonbonnes de gaz propane, la dernière est presque vide. Après avoir beaucoup cherché, on a trouvé un endroit qui peut le faire, mais il se trouve assez loin. On pense appeler un taxi pour s’y rendre, mais en arrivant à la marina, quelqu’un vient nous accueillir sur le quai et nous propose d’emblée de nous conduire si nous avons des commissions à faire. On saute sur l’occasion! Tous les gens de l’endroit sont infiniment gentils. Le lendemain, c’est une autre personne qui amènera Daniel à l’épicerie et reviendra même le chercher!
La météo annonçant deux très belles journées chaudes et ensoleillées, nous mettons le cap vers Port Mouton et le parc national de Kejimkujik, où se trouve ce qui est considéré comme l’une des plus belles plages de la Nouvelle-Écosse. Information que l’on a pu confirmer! On s’ancre à Carter’s Beach et on passera les deux prochains jours à se baigner, jouer au frisbee, faire des châteaux de sable… Il fait 29 degrés, on n’a pas du tout l’impressions d’être à la mi-septembre! L’eau est froide, mais il fait tellement chaud que ça fait du bien de piquer une tête de temps à autre, même si on ne reste pas longtemps. Ulysse et moi avons le courage de rentrer au bateau à la nage, 100 mètres plus loin. On avait les lèvres bleues en arrivant! Tous les soirs, à partir de 18h00, nous assistons au bal des chalutiers qui sortent un à la suite de l’autre du port de pêche situé plus haut dans la baie. Ils sont des dizaines à défiler jusque vers 20h00, puis on les voit rentrer le matin après leur nuit de pêche. Achille est fasciné! Nous serions bien restés une journée de plus dans ce petit paradis, mais la météo nous force à bouger vers Shelburne avant d’être rattrapés par de forts vents qui nous immobiliseraient pendant plusieurs jours. Il n’y a pas de vent et on doit naviguer à moteur. Ce n’est pas ce qu’on préfère, mais il y a parfois des impératifs qui le nécessite lorsqu’on doit aller se mettre à l’abris avant le mauvais temps.
Carter's Beach à Port Mouton |
Shelburne sera notre dernière escale en Nouvelle-Écosse. À première vue, la baie nous semble très industrielle et peu attrayante. Mais on découvre à la marina une petite communauté très animée, où l’on fera de très belles rencontres, dont celle de Bruce du voilier Lana, un bateau que l’on a aperçu à plusieurs reprises depuis Ste Margaret’s Bay, et celle de Troy du catamaran Unforgiven. Nous attendons tous la fenêtre météo idéale pour traverser aux États-Unis. On surveille les prévisions tous les jours. On prévoit tous partir ensemble le mardi matin. La veille, Bruce n’est plus certain de nous suivre, il craint qu’il y ait trop de vagues, mais en regardant les 2,5 mètres annoncés, ce n’est pas quelque chose qui nous inquiète après les 4 à 5 mètres que l’on a connus dans notre trajet vers la Nouvelle-Écosse. C’est une traversée d’environ 50h qui nous attends pour atteindre Cape Cod. Ce sera notre plus grande navigation sans escale, notre plus longue avant était autour de 40h, et on se dit que c’est une belle pratique en prévision d’une future traversée océanique. C’est donc bien excités qu’on se prépare pour cette nouvelle étape de notre aventure!
Commentaires
Enregistrer un commentaire